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Soulager la douleur… avec l’hypnose ou la sophrologie

D’après une enquête du laboratoire Sanofi, 68% de la population souffre actuellement de douleurs. Celles-ci touchent particulièrement les zones cervicales et dorsales.

La douleur est difficile à définir car elle est personnelle et subjective : tout le monde possède les mêmes mécanismes de déclenchement de la douleur, et cependant, chacun la ressent différemment ; la perception de la douleur est très variable d’une personne à une autre.

La douleur est définie selon l’Association internationale de l’étude de la douleur (IASP) comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle ou décrite en termes d’une telle lésion. C’est donc une expérience complexe comprenant des caractéristiques tant sensorielles, qu’émotionnelles, cognitives et motivationnelles. La douleur est de plus influencée par les représentations de la personne, son vécu au sens large (vécu par rapport à d’autres douleurs qu’il a connues, par rapport à ses événements de vie).

Composantes de la douleur

La douleur est une sensation complexe, qui recouvre différentes composantes:

  • Une sensation physique, caractérisée par la localisation, l’intensité et l’évolution (qualité, durée) de la douleur « ça pique, ça brûle, ça fait un peu ou très mal, ça augmente ou ça diminue ». Nos récepteurs sensoriels sont programmés de telle sorte qu’en cas de problème, une réaction physique ait lieu.
  • Une émotion, qui correspond à ce que nous ressentons moralement « c’est désagréable, c’est pénible, c’est inquiétant, c’est insupportable, c’est désespérant ».
    La dimension émotionnelle va avoir une incidence sur le ressenti de la douleur. Elle peut provoquer des dommages collatéraux, comme dans le cas de personnes atteintes de cancer, qui essaient de préserver l’entourage, les proches, de ne pas les inquiéter etc …  Il y a aussi des facteurs familiaux et personnels :
    • Comment avons-nous été éduqués face à la douleur ? (« Même pas mal » du garçon, la chouinette de la fille, on cache ses émotions …),
    • Y-a-t-il (ou y-a-t-il eu) dans l’entourage des personnes disparues, douloureuses, souffrantes… ?
    • Quel regard mon entourage porte sur moi ?
    • Quelle image de moi je n’ai pas envie de montrer ?
  • Un comportement, qui correspond à notre manière de réagir à la douleur, de l’exprimer par le corps ou par la parole (positions, grimaces, pleurs, cris, plaintes).
  • Une réaction mentale, qui correspond à notre façon de la gérer, de l’interpréter, de lui donner un sens, de chercher à l’oublier ou à vivre avec.
  • Un aspect psychique : l’anxiété et la dépression peuvent impacter le ressenti de la sensation. La douleur est un symptôme de dépression et les auteurs s’accordent sur la fréquence élevée du symptôme douloureux chez les déprimés. Mais la douleur est aussi un facteur de dépression ou de chronicisation de la dépression.
  • Une dimension cognitive : les anciennes expériences de la douleur, les facteurs sociaux, culturels et familiaux entrent également en jeu dans le vécu de la douleur. L’histoire personnelle, le fonctionnement mental, les différentes stratégies de distraction et la signification de la douleur modulent le ressenti.

Ces différents aspects sont indissociables. Pour comprendre et soulager la douleur, il faut donc prendre en compte sa cause physique, mais aussi et surtout ce que la personne ressent, physiquement et moralement.

Douleur aigüe, douleur chronique

La douleur peut être aigüe ou chronique, forte ou faible, localisée ou diffuse.

Les douleurs aigües sont des sensations douloureuses passagères (de quelques heures à quelques semaines) d’une intensité variable. Habituellement, une douleur apparaît à cause d’une anomalie, et disparaît lorsque l’anomalie est éliminée. On parle alors de douleur aigüe. Le terme aigu ne signifie pas forcément que la douleur est intense.
Une douleur aigüe a plusieurs caractéristiques :

  • Elle est de courte durée (elle disparait en quelques heures ou quelques semaines, selon le temps nécessaire à la guérison)
  • Elle est due à une cause précise telle qu’un traumatisme, une infection, une inflammation, une atteinte des tissus, une fracture, …

La douleur aiguë est un processus physiologique, agissant comme un signal d’alarme. Elle est donc utile et protectrice.

Les douleurs chroniques elles, s’étendent sur de longues durées, en général plus de trois mois – même après un traitement. L’atteinte morale du patient est importante, car rien n’y fait. La douleur persiste même si la cause de la douleur a disparu, ce qui rend l’acceptation de la souffrance particulièrement difficile pour l’individu.

Une douleur chronique a plusieurs caractéristiques :

  • Elle dure depuis au moins 3 mois, malgré un traitement antidouleur
  • Elle persiste même si la cause de la douleur a disparu
  • Elle est difficile à comprendre car elle n’a pas toujours de cause visible. Elle augmente, diminue, disparaît ou réapparaît sans que l’on sache toujours expliquer pourquoi
  • Elle est envahissante moralement et physiquement

Le plus souvent sans cause identifiée ou mécanismes physiopathologiques mal élucidés, la douleur chronique a perdu sa fonction et son objectif biologique : elle est donc inutile. On observe une incapacité à revenir au fonctionnement physiologique antérieur. Elle engage l’être dans tout son ensemble. Elle retentit sur la vie quotidienne avec ses conséquences sur le sommeil, l’appétit, toutes les activités. L’état de stress et la fatigue qui en découlent créent un déséquilibre. Le caractère de la personne change avec une augmentation de l’anxiété et une usure pouvant aller jusqu’à la dépression.
Ces douleurs peuvent être d’autant plus mal vécues qu’elles représentent un réel handicap, souvent invisible de l’extérieur. La non reconnaissance de la douleur, par l’entourage ou par l’employeur par exemple, constitue à elle seule une véritable souffrance.

Les douleurs chroniques, de courte ou de longue durée, sont le lot quotidien de nombreuses personnes. Elles persistent même si la cause initiale a disparu. Elles sont obsédantes et impactent l’existence morale et physique de la personne.

Hypnose et sophrologie pour aider à gérer la douleur

L’hypnose obtient des résultats très positifs tant concernant la douleur, que sur les aspects psychologiques en lien avec elle. Mais son succès reste toutefois fortement lié à une condition : « être disponible à des changements« ,

« L’hypnose ne soigne pas une maladie mais une personne » 
Dr Jean-Marc BENHAIEM, auteur de « L’hypnose qui soigne »

Dans le contexte de la douleur chronique, l’hypnose permet d’aider à contrôler l’intensité de la douleur, à gérer la douleur et les émotions qui l’accompagnent et aide a personne à retrouver des ressources lui permettant de se mobiliser et de devenir actif dans sa prise en charge, et ainsi retrouver une qualité de vie acceptable.
L’hypnose permet de découvrir et de développer de nouveaux outils personnels de gestion des différentes composantes de la douleur. La personne souffrant de douleurs chroniques est souvent envahie par celles-ci et rencontre de la difficulté à se décentrer. L’hypnose permet alors d’élargir son champ de vision, en prenant du recul non seulement par rapport aux douleurs mais aussi par rapport à sa situation. Par ses suggestions pendant la séance d’hypnose, le thérapeute permet à la personne de se focaliser sur d’autres éléments que la douleur, de recadrer la situation et de l’amener à découvrir ses propres ressources pour gérer la douleur.

L’hypnothérapie permet d’agir à plusieurs niveaux :

  • le niveau sensoriel (comme l’intensité),
  • la perception de la douleur (diminuer une anticipation négative par exemple),
  • le niveau cognitif (faire des liens entre la douleur et des pensées négatives),
  • le niveau émotionnel (deuils non faits par exemple),
  • et le niveau motivationnel (aider à trouver des ressources permettant de se mobiliser, de devenir actif dans la prise en charge).

En fait, la littérature scientifique est unanime sur le fait que l’avantage de l’hypnose ne se situe pas tant dans une amélioration de la façon dont la perception douloureuse est plus ou moins présente, mais dans la diminution de la « charge négative » associée à la douleur dans la vie du patient. D’autant qu’une diminution qui peut paraitre minoritaire est en fait perçue comme une avancée importante par les personnes.  Ainsi, une diminution de 30% est devenue une référence. Elle agit aussi sur les éléments de pénibilité associés à la perception douloureuse. 

Avec l’hypnose, on sent toujours quelque chose, mais on en donne une interprétation différente. (Il y a toujours de la douleur mais moins de souffrance).

La sophrologie est aussi particulièrement conseillée dans la gestion de la douleur.

Par des techniques de relaxation, cette discipline va permettre au patient de comprendre et de reprendre le contrôle de son ressenti. En effet, les douleurs apparaissent ou s’accentuent lorsqu’une personne est stressée, car cet état provoque la contraction musculaire. La relaxation permettra alors d’évacuer le stress.

La respiration guidée par un sophrologue est l’autre versant de la gestion de la souffrance. En respirant convenablement, le système parasympathique est stimulé. Cela aura alors tendance à diminuer les douleurs.
La respiration, douce, fluide et profonde sur laquelle l’attention se concentre, occupe une place importante dans la sophrologie :

  • Avec elle, il est possible de diminuer l’intensité de la douleur, en laissant faire, et d’enlever une colère, une peur, un chagrin…
  • La respiration invite à l’instant présent. « Le corps peut lâcher une partie de sa mémoire. Il tremble, gargouille, libère des larmes… Certains mettent un souvenir dessus, d’autres pas… C’est un sésame pour accéder au plaisir d’être mieux, dans son corps et dans son histoire ».
  • Respirer apporte de l’oxygène à l’organisme. Quand le souffle n’est pas fluide, cela entraîne des tensions physiques en lien avec nos émotions.

Par exemple, dans un stress, la respiration se bloque et l’organisme se crispe. Ces blocages et ces douleurs restent gravés dans la « mémoire du corps ».
En respirant amplement et profondément, l’arrivée de l’oxygène fait revenir les mémoires du corps et les libère.

Enfin, la visualisation, dernière grande méthode de la discipline, permet la sécrétion d’endorphine, l’hormone du bonheur. Par la visualisation de scènes ou d’environnements positifs, le cerveau sécrète cette hormone, provoquant une sensation de détente.

Donc, contrairement à ce que l’on croit souvent, la douleur n’est pas une fatalité. Différentes techniques existent pour apprendre à la maîtriser et à soulager son quotidien.

  • Article écrit avec l’appui d’informations tirées d’interviews du Dr Benhaiem, et du site OOREKA pour la sophrologie

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